CHAPITRE XXVI

Vers le milieu de l’après-midi, les nuages reparurent, plus menaçants que jamais, et le tonnerre commença à gronder dans le lointain, accompagnant la pluie revenue noyer la cité qui fumait comme une marmite à pression. L’orage éclatait apparemment à la même heure tous les jours, mais ils avaient fini par s’y habituer. Quand il s’annonça, cet après-midi là, ils descendirent tous s’asseoir sous le pont, et y restèrent à cuire dans leur jus pendant que les pluies diluviennes se déversaient au-dessus de leurs têtes.

Assis, le dos collé à l’une des côtes de chêne grossièrement taillées qui constituaient la carcasse du bateau, raide comme la justice et le visage austère, Garion entreprit de braquer un œil impitoyable sur tante Pol, mais elle l’ignora superbement pour continuer à bavarder tranquillement avec Ce’Nedra.

Le capitaine Greldik apparut par l’écoutille, la barbe et le visage ruisselants.

— Droblek, le Drasnien, est là, annonça-t-il. Il dit qu’il a un message pour vous.

— Fais-le descendre, dit Barak.

Droblek insinua sa vaste masse dans l’étroite ouverture. Il était trempé jusqu’aux os.

— Ça mouille, dehors, commenta-t-il en s’essuyant le visage tout en s’égouttant sur le plancher.

— C’est ce que nous avions cru remarquer, laissa tomber Hettar.

— J’ai reçu un message du prince Kheldar, Dame Polgara, déclara Droblek.

— Ah ! tout de même, répondit-elle.

— Ils arrivent par le fleuve, Belgarath et lui, révéla Droblek. Pour autant que je puisse en juger, ils devraient arriver d’ici quelques jours, une semaine tout au plus. Le messager n’est pas très cohérent.

Tante Pol lui jeta un regard inquisiteur.

— La fièvre, expliqua Droblek. Sinon, on peut lui faire confiance, c’est un Drasnien — l’un de mes agents dans un comptoir du nord du pays. Mais il a fallu qu’il ramasse une des cochonneries qui infestent ce marécage putride. Il délire un peu, en ce moment. Nous espérons arriver à faire tomber la fièvre d’ici un jour ou deux ; il devrait alors reprendre ses esprits. Je suis venu dès que j’ai réussi à comprendre l’idée générale de son message. Je me suis dit que vous aimeriez être tenue au courant sans attendre.

— Nous apprécions votre prévenance, fit tante Pol.

— J’aurais bien envoyé un serviteur, reprit Droblek, mais les messages ont une fâcheuse tendance à s’égarer, à Sthiss Tor, et ceux qui les portent, une regrettable propension à en mélanger le contenu. Allons, ce n’est pas la vraie raison, évidemment, ajouta-t-il, en se fendant d’un grand sourire.

— Evidemment pas, renchérit tante Pol, en lui rendant son sourire.

— Les gens obèses ont tendance à rester sur place et à laisser les autres faire les courses à leur place. J’ai cru comprendre, d’après le ton du message du roi Rhodar, que cette affaire était peut-être la chose la plus importante au monde, en ce moment, et j’ai eu envie, tout à coup, d’y jouer mon rôle. Il nous arrive à tous de retomber en enfance de temps à autre, j’imagine, conclut-il avec une grimace.

— Quelle est la gravité de l’état du messager ? demanda tante Pol.

— Comment savoir ? répondit Droblek en haussant les épaules. La moitié des maladies pestilentielles nyissiennes n’ont même pas de nom, et c’est à peine si on arrive à les distinguer les unes des autres. Certains en meurent tout de suite ; d’autres traînent pendant des semaines. Il y en a même parfois qui s’en remettent.

Tout ce qu’on peut faire pour les malades, c’est de les installer confortablement en attendant de voir venir.

— J’arrive tout de suite, déclara tante Pol, en se levant. Durnik, vous pourriez me passer le sac vert qui est dans nos paquets ? J’ai besoin des herbes qui se trouvent à l’intérieur.

— Il n’est pas prudent de s’exposer à certaines de ces fièvres, ma Dame, risqua Droblek.

— Je n’ai rien à craindre, mais j’ai des questions précises à poser à votre messager, et la seule façon d’en obtenir des réponses, c’est de le débarrasser de sa fièvre.

— Nous vous accompagnons, Durnik et moi, proposa Barak.

Elle le regarda.

— On ne sait jamais, insinua le gros bonhomme en ceignant son épée.

— Si vous y tenez, concéda-t-elle en jetant sa cape sur ses épaules et en relevant sa capuche. Nous risquons d’en avoir pour une bonne partie de la nuit, annonça-t-elle à Greldik. Il y a des Grolims dans le coin, alors dites à vos matelots de rester vigilants. Faites monter le quart par les plus sobres.

— Sobres, ma Dame ? releva Greldik, l’air innocent.

— J’ai entendu chanter dans les quartiers de l’équipage, capitaine, précisa-t-elle d’un ton un peu pincé. Les Cheresques ne chantent que lorsqu’ils sont ivres. Mettez un couvercle sur le tonneau de bière, ce soir, d’accord ? Je vous suis, Droblek.

— A vos ordres, ma Dame, acquiesça le gros homme, avec un regard entendu à Greldik.

Garion se sentit un peu soulagé après leur départ. Il n’était vraiment pas à l’aise devant tante Pol. L’effort de devoir maintenir sa bouderie en sa présence commençait à lui peser. L’horreur et le dégoût de lui-même qui le torturaient depuis qu’il avait déchaîné ce feu mortel sur Chamdar, dans la Sylve des Dryades, avait si bien crû et embelli qu’il ne les supportait plus que difficilement. Il attendait chaque nuit avec angoisse, car il faisait toujours les mêmes rêves. Il voyait encore et toujours Chamdar, le visage carbonisé, implorant : « Grâce, Maître, grâce ». Et il revoyait encore et toujours la terrible flamme bleue qui avait surgi de sa main en réponse à cette agonie. La haine qu’il avait nourrie depuis le Val d’Alorie avait disparu en fumée dans cette flamme. Sa vengeance avait été tellement absolue qu’il n’avait pas moyen d’y échapper ou d’en rejeter la responsabilité sur quelqu’un d’autre, et sa sortie de ce matin-là était certainement plus dirigée contre lui-même que contre tante Pol. Il l’avait traitée de monstre, mais c’était après le monstre en lui qu’il en avait. Le catalogue terrifiant des souffrances qu’elle avait endurées pour lui tout au long de ces années sans nombre et la passion avec laquelle elle avait parlé — preuve du mal que ses paroles lui avaient fait — le torturaient cruellement. Il avait honte, tellement honte qu’il ne pouvait même pas supporter de croiser le regard de ses amis, et il resta assis tout seul dans son coin, le regard vide, tandis que les paroles de tante Pol résonnaient encore et encore dans sa tête.

Mais l’orage passait au-dessus de leurs têtes, et la pluie semblait vouloir diminuer d’intensité, sur le pont. De petits tourbillons de gouttelettes filaient encore dans un vent féroce, à la surface du fleuve de boue, et pourtant le ciel commençait à s’éclaircir, et le soleil s’abîmait dans les nuages tumultueux, les tachant d’un rouge malsain. Garion monta sur le pont pour se colleter tout seul avec sa conscience troublée.

Au bout d’un moment, il entendit un pas léger derrière lui.

— Je suppose que tu es fier de toi ? s’exclama Ce’Nedra, d’un ton aigre.

— Fichez-moi la paix.

— N’y compte pas. J’ai trop envie de te dire avec précision ce que nous pensons tous de ton petit discours de ce matin.

— Je n’ai pas envie de le savoir.

— C’est vraiment dommage, parce que je vais te le dire quand même.

— Je n’écouterai pas.

— Oh ! si, tu m’écouteras.

Elle le prit par le bras et l’obligea à se retourner. Ses yeux jetaient des éclairs et son petit visage reflétait une intense colère.

— Ce que tu as fait est absolument inexcusable, dit-elle. Ta tante t’a élevé depuis que tu es tout bébé. Elle a été comme une mère pour toi.

— Ma mère est morte.

— Dame Polgara est la seule mère que tu aies jamais connue, et qu’est-ce que tu as fait pour la remercier ? Tu l’as traitée de monstre. Tu l’as accusée de ne pas se soucier de toi.

— Je ne vous écoute pas, s’écria Garion.

Il savait que c’était puéril, voire infantile, mais il mit ses mains sur ses oreilles. Décidément, la princesse Ce’Nedra ne lui apporterait jamais rien de bon.

— Enlève tes mains de tes oreilles ! ordonna-t-elle d’une voix vibrante. Tu entendras ce que j’ai à te dire même s’il faut que je hurle pour ça.

Garion préféra obtempérer. Elle avait peut-être l’intention de mettre sa menace à exécution pour de bon.

— Elle t’a porté quand tu n’étais qu’un tout petit bébé, poursuivit Ce’Nedra, qui semblait avoir vraiment le chic pour appuyer là où ça faisait mal. C’est elle qui a guidé tes premiers pas. Elle t’a nourri, elle a veillé sur toi à chaque instant. Elle t’a tenu dans ses bras quand tu avais peur, quand tu t’étais fait mal. Tu penses vraiment que c’est un monstre ? Elle ne te quitte pas des yeux, tu le sais, ça ? Elle se retient pour ne pas tendre la main quand tu trébuches. Je l’ai vue remonter les couvertures sur toi quand tu dormais. Tu penses vraiment qu’elle se fiche pas mal de toi ?

— Vous parlez de quelque chose à quoi vous ne pouvez rien comprendre, répondit Garion. Laissez-moi tranquille, s’il vous plaît.

— S’il vous plaît ? répéta-t-elle d’un ton moqueur. Quel drôle de moment pour retrouver tes bonnes manières. Je ne t’ai pas entendu dire « s’il vous plaît », ce matin. Je n’ai pas entendu un seul « s’il vous plaît », pas plus qu’un seul « merci », d’ailleurs. Tu sais ce que tu es, Garion ? Tu es un sale gosse trop gâté, voilà ce que tu es.

La coupe était pleine. Se laisser traiter, lui, de sale gosse trop gâté par cette petite princesse choyée et capricieuse était plus que Garion n’en pouvait supporter. Fou de rage, il se mit à hurler, des choses incohérentes, pour la plupart, mais cela lui faisait du bien de crier.

Ils commencèrent par des accusations, mais la discussion dégénéra bientôt en insultes et injures. Ce’Nedra braillait comme une marchande de poisson de Camaar tandis que la voix de Garion hésitait entre un ténor enfantin et un baryton bien mâle. Ce’Nedra tapa souvent du pied, Garion agita beaucoup les bras et ils se menacèrent pas mal de toutes sortes de doigts mutuellement brandis sous le nez — autant dire que, l’un dans l’autre, ce fut une belle petite dispute. D’ailleurs, Garion se sentit beaucoup mieux après. Beugler des insultes à la face de Ce’Nedra constituait une innocente diversion par rapport à certaines des choses irréparables qu’il avait dites à tante Pol ce matin-là, tout en lui permettant de donner impunément libre cours à sa colère et à sa confusion.

Au bout du compte, évidemment, Ce’Nedra finit par s’en remettre aux larmes et par prendre la fuite, de sorte qu’il se retrouva enfin seul, se sentant plus bête que honteux. Il fulmina encore un peu en marmonnant quelques insultes choisies qu’il n’avait pas eu l’occasion de lui servir, puis il poussa un soupir et s’appuya pensivement au bastingage pour regarder la nuit envahir la cité humide.

Pour rien au monde il n’aurait voulu l’accorder, et surtout pas à lui-même, mais au fond, il était plutôt reconnaissant à la princesse. Leur plongée dans l’absurde lui avait éclairci les idées. Il voyait très clairement maintenant qu’il devait une excuse à tante Pol. Il s’était déchaîné contre elle par suite d’un profond sentiment de culpabilité, dans l’espoir, sans doute, de reporter la faute sur elle, mais il était évident qu’il n’avait pas moyen de fuir ses propres responsabilités. Et il n’aurait su dire pourquoi, mais depuis qu’il avait accepté ce fait, il avait l’impression de se sentir mieux.

Il faisait de plus en plus noir. La nuit tropicale était d’une chaleur écrasante, et l’odeur de végétation pourrie et d’eau croupie s’élevait par vagues étouffantes des marécages impénétrables. Un petit insecte pervers avait réussi à s’insinuer sous sa tunique et s’était mis à le mordre entre les épaules, à un endroit où il n’arrivait pas à l’atteindre.

Il n’y eut absolument aucun signe avant-coureur, pas un bruit, pas la moindre oscillation du bateau ou le plus infime indice de danger. On lui rabattit les bras par-derrière et on lui appliqua un tampon humide sur la bouche et le nez. Il tenta de se dégager, mais les mains qui le tenaient étaient animées d’une force prodigieuse. Il essaya de tourner la tête afin de dégager suffisamment son visage pour appeler à l’aide, mais le chiffon avait une drôle d’odeur sucrée, écœurante comme un sirop, la tête lui tournait, et les mouvements qu’il faisait pour se débattre perdaient de leur force. Il fit une dernière tentative avant de sombrer dans un tourbillon et de s’engloutir dans le néant.

La Reine des sortileges
titlepage.xhtml
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_000.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_001.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_002.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_003.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_004.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_005.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_006.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_007.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_008.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_009.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_010.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_011.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_012.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_013.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_014.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_015.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_016.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_017.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_018.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_019.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_020.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_021.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_022.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_023.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_024.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_025.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_026.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_027.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_028.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_029.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_030.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_031.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_032.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_033.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_034.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_035.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_036.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_037.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_038.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_039.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_040.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_041.htm
Eddings,David-[La Belgariade-2]La Reine des sortileges.(Queen of Sorcery).(1982).French.ebook.AlexandriZ_split_042.htm